David Becker
et
Bosen Napu
deux regards croisés sur des cultures différentes.
"Temps croisés"est une double exposition de photographies où se juxtaposent tradition et modernité de 2 îles: la Nouvelle-Calédonie,photographiée par Bosen Napu,habitant d'un village coutumier de l'île de Tanna,et les photographies de Tanna prises par David Becker.
...(article rédigé par Marianne Page)
« Temps croisés », au centre culturel Tjibaou
Deux photographes mais un seul objectifNée d’une rencontre entre deux personnages hors du temps, l’exposition de David Becker et Bosen Napu parle du présent au futur, en couleur et en noir et blanc. Deux regards croisés sur des cultures différentes.
«Tout est parti d’une rencontre, explique David Becker. C’était en 1990, à Tanna. J’avais été envoyé par le centre culturel de Vanuatu pour réaliser une série de photos sur l’archipel. » En se rendant à Lenapoas, un village coutumier de l’île de Tanna, il cherche à entrer en contact avec Bosen Napu, qu’on lui avait indiqué comme le « field worker » de Tanna. A Vanuatu, ces « agents sur le terrain » sont chargés de récolter des informations sur les traditions locales, avec un thème de réflexion fixé au préalable, et de les rassembler, chaque année, dans un ouvrage. Equipés de magnétophone et d’un carnet de notes, ils retranscrivent la tradition orale pour que celle-ci connaisse un plus large écho et soit respectée de tous.
Marianne Page (Les Nouvelles calédoniennes-10.06.2006)
La rencontre entre le photographe et son élève fut peu banale. Avant d’arriver à Lenapoas, David Becker rencontra celui qu’il cherchait, sur le chemin menant à la tribu. Alors qu’il n’avait pas prévenu de sa visite, les premiers mots de Bosen furent : « je savais que tu allais arriver, ma femme l’a rêvé la nuit dernière, et aujourd’hui, j’ai commencé à sentir ton odeur… » Affolée de voir son rêve se réaliser, son épouse alla se réfugier dans les racines d’un banian. « Il se passe beaucoup de choses mystérieuses à Tanna qui relèvent presque de la magie », explique le photographe. Sans aucune crainte, Nabu accueillit David dans sa case pour y passer la nuit, mais ne parvint pas à fermer l’œil, car c’était la première fois qu’il voyait un « man naraples », un homme venu d’ailleurs, de si près, et tout cela le fascinait…
Lenapoas est un village traditionnel où les hommes, fidèles à la tradition, portent l’étui pénien pour seul vêtement. Le décalage entre les deux individus se réduit à néant après avoir échangé quelques mots : « Je me suis tout de suite senti bien avec eux. Leur regard sur le monde est très proche du mien. L’accueil des gens a été d’emblée très chaleureux. »
David prend une photo de Bosen et de sa famille. Puis le quotidien des gens de Tanna : les danses, les échanges. Ces images arrêtées sont ensuite développées avec les moyens du bord : une lampe tempête dans un seau rouge et un morceau de verre éclaté, trouvés dans le village, font naître les premières planches contact. Le développement a lieu dans la case qui fait office de chambre noire, les nuits sans lune. David s’aperçoit de l’intérêt que porte Bosen à ces images et décide de lui enseigner les rudiments de la photographie. Son élève s’avère doué…
Dix ans se sont écoulés depuis cette rencontre. David Becker est invité à présenter le fruit de son travail au centre culturel de San Francisco. Il raconte l’histoire de Bosen Napu au directeur du centre qui, séduit, décide de l’inviter aux Etats-Unis. Après quelques hésitations, David propose à son élève de le rejoindre. Le chef du village donne son accord, à condition que Bosen fasse une « recherche anthropologique » sur la vie des « Man Naraples ». Le soir de l’inauguration, Bosen fait un discours si émouvant que l’assistance est en larmes.
Deux ans plus tard, en 2002, l’île d’Hawaï fait la même requête à David Becker : venir avec Bosen présenter ses photographies. En retour, le « Man Tanna » prend des photos d’Honnolulu. Leurs deux reportages sont exposés. En 2004, le centre Culturel Tjibaou présente une exposition de David Becker avec les commentaires de Bosen Napu. Ce dernier est invité à prendre une série de clichés représentant la Nouvelle-Calédonie. « Il a pris un millier de photos en noir et blanc des choses qui l’ont marqué ici, explique David, et pour l’exposition, il en a choisi une dizaine. » Son regard sur le monde moderne est celui que peut avoir un Européen sur le monde traditionnel : étonné, un peu amusé et comparatif. Un camion-citerne est pour Bosen « la maman des voitures ». A Nouméa, il découvre qu’il y a « tellement de maisons que ses yeux ne sont pas assez grand pour en voir la fin ». Il est surpris de constater que l’on paie pour avoir de l’eau et des bananes… Autre image marquante : la vision de la grotte de Hienghène qui l’a « habité » pendant deux jours et demi. « Il a fallu faire une cérémonie coutumière pour le libérer des esprits peuplant la grotte », souligne David. De son côté, l’artiste présente, en couleur, sa vision de la société traditionnelle. Leurs deux regards croisés en disent long sur l’homme.
(Marianne,Bosen Napu,Daniel et Maya,photo prise par David Becker)
A l'autre bout du monde,la Nouvelle Calédonie:une île perdue dans le Pacifique ,une harmonie subtile de différences insoupçonnées de paysage,de culture et de moeurs...
mardi, juin 20, 2006
"Temps croisés" au centre culturel Tjibaou.
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1 commentaire:
Salut Maya,
pas de soucis ici, je veille sur tes petioutes abeilles (des chochottes gastriques ¡¡¡).
Toujours de belles photos, et de chouettes reportages (je vais avoir un max de lecture a mon retour en france)
bisous de nous 3
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